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Duel intime
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28 septembre 2013

Crise de panique, ou «crisse» de panique.

Golden_Cherry_Blossoms_2808_by_lilianagraham

Ce soir, je pense que j'ai vécu un semblant de crise de panique. Je n'avais plus aucun contrôle sur mes émotions. J'avais de la difficulté à respirer. J'avais chaud. J'étais incapable de parler. Je ne comprenais plus rien de ce qui se passait autour de moi. Je tremblais. J'avais des sanglots étouffés. J'avais le coeur qui voulait éclater. Encore maintenant, je suis toute à l'envers. 

Il y a quelques semaines, j'ai passé très près de perdre une de mes meilleures amies. Elle est tombée dans un coma; on l'a retrouvée 72 h plus tard, inconsciente dans son appartement. Elle a été hospitalisée pendant un peu plus de trois semaines. J'ai passé des heures incalculables à ses côtés. Je l'ai vue dans un état tellement fragile, dans un état tellement terrifiant. Encore aujourd'hui, j'en ai parfois des visions d'horreur. 

Les docteurs n'ont jamais trouvé ce qu'elle avait, ils n'ont jamais compris ce qui s'était produit. Le néant total. L'inconnu complet. Ils ne comprennent pas comment elle a pu survivre et ils comprennent encore moins pourquoi elle n'est pas légume. Après une série interminable de tests, ils l'ont renvoyée chez elle. Seule dans son petit 2 et demi avec son chat. 

Depuis sa sortie de l'hôpital, j'essaie de ne pas trop m'inquiéter à son sujet. J'essaie de créer un détachement envers cet événement parce que de toute façon, je ne peux pas contrôler les choses. Je n'ai pas de pouvoirs divins pour maîtriser sa vie ou ses crises de douleur. Je n'y peux rien. Et je réussissais bien à respecter mes limites, à respecter son besoin d'intimité. 

J'veux dire, je comprends son désir de vouloir du temps pour elle, je comprends sa frustration quant aux personnes qui l'appellent 15 fois par jour pour s'assurer qu'elle est toujours en vie, je comprends la distanciation qu'elle a voulue établie entre sa mère et elle. Je comprends tout ça et jusqu'à présent, je l'avais respectée dans ses demandes. 

Mais son absence pendant cinq jours a fini par me faire paniquer. Ce n'est pas son genre de ne pas me rappeler lorsque je l'appelle, ce n'est pas son genre d'avoir un cellulaire mort, ce n'est pas son genre de ne pas lire ses messages privés, ce n'est vraiment pas son genre du tout. Elle est beaucoup trop active sur son téléphone et sur Internet pour ne pas faire signe de présence. Et puis, ce n'est pas comme si je l'appelais pour la harceler ou pour lui demander comment elle allait. Non. Je lui demandais simplement de me rappeler parce que je devais vraiment lui demander des conseils et parce que je voulais aller déjeuner avec elle. Mes raisons étaient tout à fait anodines. Je ne m'inquiétais pas pour elle. 

Mais après cinq jours de silence, j'ai craqué. J'ai mis tout le poids sur mes épaules. Sa mère m'avait dit de veiller sur elle. Personne ne lui avait parlé dans les derniers jours. Et comme je suis celle qui habite le plus près de chez moi, je me suis dit que c'était mon devoir. J'avais tellement peur qu'il soit arrivé quelque chose. J'avais peur de ne rien faire, de la retrouver inconsciente et de me culpabiliser pour le reste de mes jours. 

Alors je me suis rendue chez elle. Tous les indices m'indiquaient que quelque chose clochait. Aucun signe de vie, les cris stridents et désespérés de son chat enfermé à l'intérieur, son ordinateur ouvert visible de sa fenêtre, des tas de trucs sur le sol. Et si elle était inconsciente sur le divan? Et si elle s'était évanouie dans la salle de bain? 

J'ai appelé E. qui avait sa clé. Je ne voulais pas alarmer la police pour rien. Je ne voulais pas qu'on défonce sa porte pour rien. Je ne voulais pas que ça lui coûte rien pour une fausse alerte. Je me suis donc rendue chez E. pour récupérer les clés. Évidemment, à ce moment-là, plus aucun autobus ne passait. Quand j'ai décidé d'y aller à la marche, l'autobus s'est pointé. J'ai couru comme une folle pour l'attraper. Je suis arrivée chez lui. Je ne voulais pas le mêler à tout ça. Je ne voulais pas qu'il m'accompagne. Il a ouvert la porte et j'ai perdu tous mes moyens. Je n'étais plus capable de me contrôler. C'était le jour et la nuit. 

Il avait déjà son manteau sur le dos. Il ne voulait pas que j'entre dans l'appartement la première. Au cas où. Il y a eu le plus grand silence dans la voiture. À part mes petits cris étouffés de panique. 

On est arrivés chez elle et il y avait maintenant de la lumière par la fenêtre, ses rideaux étaient fermés. Elle était là. Crisse, elle était là. Je n'ai pas voulu aller la voir. E. est entré et lui a expliqué mon angoisse. Moi, je suis restée dehors pour prendre l'air. J'étais tellement fâchée. Fâchée contre la situation, fâchée contre elle, fâchée contre moi. Je me sentais conne, je me sentais tellement conne d'avoir paniqué comme ça. Et en même temps, j'avais seulement le goût de me rouler en boule sur le trottoir et de pleurer indéfiniment. 

Elle revenait de l'hôpital; elle y avait passé les trois derniers jours supposément. Mais esti, la moindre des choses, c'est de le mentionner à tes amies. «Hey, by the way, n'essayez pas de me rejoindre cette semaine, on veut me faire passer d'autres tests.» Mais non. Tu sais pertinemment que tout le monde s'inquiète autour de toi, tu as passé à deux doigts de mourir et tu trouves quand même le moyen de mettre un détail aussi important sous silence. Câlisse.

Je suis tellement en colère. Je ne suis pas une fille violente en général, mais ce soir, j'avais envie de défoncer des murs. J'avais envie de tout foutre en l'air, de tout briser. 

Mais là, c'est fini. Pour l'instant, j'ai absolument besoin de m'éloigner de cette situation. Je dois prendre du recul et prendre mes distances par rapport à elle, par rapport à tout ça. C'est trop, c'est trop pour ma tête et mon corps. Je ne veux plus revivre cette folie, cette panique. Je ne peux pas revivre cette folie, cette panique. 

Elle a essayé de m'appeler, mais je ne lui ai pas répondu. Il faut vraiment que j'érige une barrière, une limite. Il faut que je prenne du temps pour gérer toutes mes émotions contradictoires. Il faut que je prenne du temps pour être seule et réfléchir. 

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